"J'ai accouché seule pendant que mon mari était en OPEX!"

D'une Miliwife à une autre 🤍 Témoignage n°1

3/2/20224 min read

pregnan woman
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Bonjour J, merci beaucoup d’avoir accepté cette interview pour le Miliwife Journal! C'est un honneur de te compter parmi nos témoignages. Tu es la première! Peux-tu te présenter brièvement?

J’ai 32 ans, je suis responsable Client pour un client américain. J’ai deux filles : 11 ans et 2 ans et demi. Je suis en couple avec J depuis 8 ans, mariés depuis 4 ans. J est militaire depuis 19 ans, dans l’armée de Terre.

Tu as répondu présente pour partager ton histoire : “J’ai accouché pendant que mon mari était en OPEX”. Etait-ce prévu, ou devait-il être rentré pour l’accouchement? Qu'a-t-il loupé de la grossesse et combien de temps est-il parti?

C’était prévu. Il est parti quand j’étais à 5 mois et demi de grossesse, il est parti 4 mois et demi. Il a loupé le dernier trimestre et le premier mois et demi de vie d’Eva. Nous avions fait toute la chambre d’Eva avant qu’il parte pour qu’il ne loupe pas la déco, l’aménagement, le choix des équipements etc, cela a été très utile pour lui et lui a permis de mieux participer à la préparation même en étant absent.

Comment ça s’est passé concrètement pour toi, le jour J?

Mon accouchement était planifié, j’ai été déclenchée, ce qui a permis à Julien d’être disponible au téléphone et par message pour la naissance. Le réseau était mauvais donc nous ne pouvions pas faire de visio. J’étais accompagnée de ma maman du début à la fin. Lorsque j’ai accouché, je l’ai appelé et je lui ai envoyé des photos de sa fille, qu’il soit un des premiers à la découvrir aussi. L’accouchement était très long donc il était très impatient de recevoir enfin la photo tant attendue. Dès que c’était possible nous faisions de la visio pour qu’il puisse voir Eva et partager des moments (biberons, moments d’éveil...) Comment as-tu vécu l’avant accouchement et le post accouchement? La fin de la grossesse était difficile puisque j’ai vécu beaucoup de moments importants sans lui comme les dernières échographies, les fausses alertes et les urgences, la préparation des valises, les coups ressentis, le jour J...Heureusement que j’étais très bien entourée de mes parents puisque ce sont des moments que l’on souhaite vivre avec le papa. Il a eu pas mal de petites missions pendant lesquelles il était injoignable, l’empêchant de donner son avis ou d’être au courant de ce qu’il nous arrivait, c’était assez frustrant et plus impactant que lors d’une OPEX “classique”. Être bien entourée était indispensable et mes amis et ma famille ont été d’un soutien sans failles. Le post accouchement était extrêmement difficile. Après un accouchement long mais sans douleur et peu de “séquelles”, j’ai fait une forte hémorragie dans la nuit qui à nécessité l’intervention rapide de l’équipe médicale. J’étais alors seule dans ma chambre, ma mère ayant voulu me laisser me reposer seule avec ma fille. J’ai donc tenté de le contacter sans résultat et je me suis sentie abandonnée et en danger, peur de laisser mon bébé seule sans son papa ni sa maman. Lorsque je suis sortie de la maternité, ma maman est restée 10 jours avec moi pour m’aider, c’était indispensable pour le moral et même le rétablissement physique. Malheureusement je n’avais envie d’aucune visite, aucune aide et je ne supportais pas que quelqu’un d’autre s’occupe de ma fille. Je ne sais encore pas l’expliquer aujourd’hui mais j’avais peur qu’il lui arrive quelque chose (plus que la normale, puisque cette sensation de nouveau parent est fréquente). J’avais peur de promener en poussette s’il y avait trop de vent, peur que quelqu’un la prenne ou lui donne le biberon, peur que mes chiens soient dans la même pièce, bref, je me sentais obligée d’être constamment à côté d’elle, peut-être pour combler l’absence de papa.

Accepterais-tu de nous raconter la rencontre entre le papa et sa fille?

C’était magique. J’avais réussi à avoir l’accord du capitaine pour rentrer dans le régiment et l’attendre dans une salle avec mes parents. Il était très surpris de nous voir, très ému et a directement voulu prendre sa fille dans ses bras. Si petite, lui qui fait 1m90 et 95kg, on a fait une vidéo et des photos, c’est la première chose qu’il a dite “elle est si petite”. Il ne la lâchait pas avait peur de la faire tomber ou mal la tenir, c’était mignon. Ìl a tout de suite su comment s’en occuper même s’il n’avait jamais eu d’enfant. Il était et est toujours très attentionné envers elle, protecteur.

Et si c’était à refaire, que changerais-tu?

Je n’accoucherai pas sans lui ^^ Et si je n’avais de nouveau pas le choix, je pense que je ferai en sorte d’être accompagnée même après l’accouchement au cas où et plutôt aller chez mes parents ensuite au lieu de rentrer à la maison sans qu’il soit là. Cela aurait peut-être aidé au moral de ne pas nous “installer” sans lui, je ne sais pas.

Que conseillerais-tu à une miliwife qui s’apprête à vivre la même aventure?

D’être accompagnée d’une personne proche pour tous les moments importants et le jour J. Que monsieur fasse en sorte de ne pas être en mission lorsque le moment s’approche pour se montrer le plus présent possible par message, vidéo ou appels. De se faire accompagner au maximum après l’accouchement, lorsque les hormones chutent et que cela s’ajoute à la fatigue c’est mieux de ne pas être seule. De prendre une avalanche de photos pour envoyer toute la journée à papa, qu’il ait l’impression d’être là aussi et de ne rien louper. D’essayer au maximum de prendre du recul et souffler lorsque les moments difficiles de manque se font sentir, le soleil revient toujours :)

Merci J pour ce témoignage touchant, merci également pour ce retour d'expérience et tes conseils!